Nous avons rencontré pas d'intérêts études distinctes menées de façon responsable
eufariassim
Fonte : http://www.lemonde.fr/Audrey Garric

L'Union européenne, en cherchant à atteindre 10 % d'énergies renouvelables dans le secteur des transports d'ici à 2020 afin de lutter contre le changement climatique, pourrait dans le même temps aggraver la pollution à l'ozone et causer près de 1 400 décès prématurés par an sur la période, assure une étude parue dans la revue scientifique Nature Climate Change, dimanche 6 janvier.
TAILLIS À COURTE ROTATION
Les chercheurs de l'université britannique de Lancaster se sont intéressés à la production d'énergie et d'agrocarburants à partir de la biomasse ligneuse (les arbres), censée limiter l'utilisation polluante de pétrole et de charbon.
Ils ont pris pour hypothèse que les 72 millions d'hectares de cultures et de prairies traditionnelles actuellement disponibles en Europe pour la production de bioénergie seront transformés d'ici à 2020 en taillis à courte rotation de saule, de peuplier ou d'eucalyptus afin de produire des quantités élevées de bioéthanol. Ces systèmes de culture, qui se caractérisent par de fortes densités d'arbres (1 500 à 3 000 plants par hectare), des rotations de cinq à dix ans et des rendements de production de matière sèche élevés, ont aussi la particularité d'émettre plus d'isoprène que les plantes traditionnelles en poussant.
PROBLÈMES PULMONAIRES
Or, cette molécule est un composé organique volatil qui produit, lorsqu'il est combiné avec d'autres polluants atmosphériques (comme l'oxyde d'azote), de l'ozone, un des polluants de l'air parmi les plus dangereux pour la santé.
Cette pollution, qui peut causer des problèmes pulmonaires, ainsi qu'affecter les reins, le cerveau et les yeux, est responsable de la mort d'environ 22 000 personnes par an en Europe. La hausse des émissions d'isoprène induite par les changements de cultures conduirait, selon l'étude, à un ajout de 1 365 morts par an à ce bilan (+ 6 %), soit un coût de 5,4 milliards d'euros pour la société.
BAISSE DES RENDEMENTS AGRICOLES
Autre conséquence : les rendements agricoles en seraient affectés, dans la mesure où l'ozone provoque des nécroses des plantes, en diminuant leur taux de chlorophylle et les échanges gazeux. L'étude chiffre ainsi à 7,1 millions de tonnes de blé (3,5 % des cultures actuelles) et 800 000 tonnes de maïs (1 %) qui seraient perdues chaque année, soit une perte économique de 1,5 milliard de dollars (1,1 milliard d'euros).
"La culture de biocarburants est vue comme quelque chose de positif car elle réduit la concentration de dioxyde de carbone dans l'atmosphère, explique Nick Hewitt, l'un des auteurs de l'étude. Leur production à grande échelle en Europe a toutefois des effets faibles, mais significatifs, sur la mortalité humaine et les rendements des cultures. Notre étude met en évidence la nécessité de ne pas seulement prendre en compte le bilan carbone dans la décision de cultiver des biocarburants afin de limiter les gaz à effet de serre."
ÉLOIGNER LES CULTURES DES ZONES PEUPLÉES
Les scientifiques suggèrent d'implanter les cultures d'agrocarburants loin des centres de population ou des zones d'intense production agricole afin de limiter l'impact de l'ozone. La génétique pourrait par ailleurs être utilisée pour réduire les émissions d'isoprène.
L'étude de l'université de Lancaster n'a toutefois pas comparé les dommages potentiels causés par les agrocarburants à l'impact sur la santé humaine de la production de charbon, de pétrole ou de gaz naturel. "Nous ne sommes pas en mesure de faire cette comparaison", a reconnu Nick Hewitt. Selon l'Agence européenne pour l'environnement, la pollution de l'air dans l'ensemble, surtout provoquée par les combustibles fossiles, cause environ 500 000 décès prématurés en Europe chaque année.
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